Farinelli - L’extase dans le chant

Déjà mis en scène au Museo degli Strumenti Musicali à Rome, au Théâtre de cour du Palais Royal de Caserte, au Musée Royal Academia de San Fernando à Madrid, « Farinelli L’Extase dans le chant » est présenté aujourd’hui dans le cadre prestigieux du Museo dell'Ara Pacis.
Le célèbre autel sacrificiel évoquant le Divin est triplement symbole de Farinelli : être « modifié », ange davantage qu’homme réel, victime de la pratique brutale de la castration, qui est mutilation de l'âme avant de l'être du corps; être "consacré" au monde comme une divinité ; et enfin l'Ara Pacis, cadre d'exception qui n’est pas sans évoquer les scénographies des nombreux opéras mis en scène par Farinelli lui-même sur livrets de Pietro Metastasio (Didon abandonnée, Caton en Utique, Sémiramis, Alexandre aux Indes, etc.).
« Farinelli, l’extase dans le chant » est un spectacle interdisciplinaire conçu par Anna Cuocolo et par l'historienne de l'art Vega de Martini avec des costumes et une scénographie d'Alberto Spiazzi. Pour la première fois, le spectacle sera revisité par le visual director Paolo Miccichè, qui amplifiera les émotions en unissant les images virtuelles à la spatialité architecturale.
L’étoile internationale Giuseppe Picone interprétera par la danse les états d'âme de Farinelli.
La figure de Farinelli sous le signe du Baroque le plus effréné acquiert une forte valeur métaphorique, devient passage du stade humain au surhumain d’une sublimation spirituelle initiatique qui est mise en valeur par les trois moments de danse, musique et théâtre mis en scène par Anna Cuocolo, qui signe aussi la chorégraphie.
Passions et états d’âme évoqués dans une reconstruction scénique inspirée de la peinture napolitaine et espagnole des XVIIe et XVIIIe siècles. Des lumières coupantes, de forts contrastes entre les tons chauds et froids, mais aussi des tissus précieux, des effets de velours, de soies et de satins. « Le choix des musiques est dicté par des critères d’hétérogénéité voulue, inspirée d’une vaste pépinière d'expressions et de suggestions utiles pour restituer, avant tout sur le plan de l’évocation et de l’émotion, l’individualité complexe du personnage Farinelli. D’une part, les humeurs et les splendeurs de l’ambiance tardo-baroque avec sa voyante théâtralité, ses excès, ses désenchantements, ses « liaisons dangereuses » ; de l’autre, l’évocation de la terre d’origine, la recherche des racines, le lien avec la culture napolitaine, riche en stratifications à la fois nobles et populaires.
Les morceaux d'Haendel, Hasse, Pergolesi, Scarlatti et Broschi, interprétées en direct avec des instruments d’époque et par des voix stylistiquement appropriées, remplacent le sujet dans son historicité ; quant aux splendides musiques sur bande magnétique d’un grand Napolitain d’aujourd’hui, Sergio Rendine, elles contribuent à transférer la figure de Farinelli à la dimension actuelle en le projetant en dehors de l’époque où il a vécu.